Ces écoles confessionnelles sont financées par l'impôt. Celui-ci est perçu auprès de tous les contribuables, quelle que soit leur religion ou leur pratique religieuse.
Un parent sikh, ou bien musulman ou juif paiera le même impôt que ses voisins, mais si l'école la plus proche est catholique, il sera désavantagé s'il veut y inscrire son enfant.
Je trouve cela choquant. Même d'un point de vue purement comptable, le parent chrétien et non-chrétien vont payer le même impôt qui ira financer la même école, mais le non-chrétien sera défavorisé dans son accès à l'éducation si l'école la plus proche ou la plus réputée du quartier est chrétienne.
Il est également clair que cela va inciter les parent à s'installer près d'écoles de la bonne confession. Ce système entretient donc un communautarisme dans lequel des personnes doivent choisir un quartier dans lequel habiter en fonction de leur religion.
On peut se douter qu'une discrimination aussi ouvertement organisée ne peut être que juridiquement blindée. Voici le texte qui fait foi: le "Equality Act 2010" (loi sur l'égalité de 2010 qui fait référence sur la discrimination religieuse, sur l'orientation sexuelle et tous les éléments de discrimination que les sociétés modernes cherchent à combattre). Celui-ci déclare que la discrimination, notamment religieuse, est interdite, mais prévoit une exemption explicite pour l'admission d'élèves dans une école à caractère religieux (Schedule 11, Part II, Paragraphe 5, page 185).
Le document suivant, plus digeste, résume l'état de la législation sur les écoles religieuses: Faith Schools in England: FAQs
Il explique: "It is unlawful for maintained and independent schools to discriminate against a child on the grounds of the child’s religion or belief in school admissions. However, faith schools are exempt and are permitted to use faith-based oversubscription criteria in order to give higher priority in admissions to children who are members of, or who practise, their faith or denomination. This only applies if a school is oversubscribed.".
Les écoles confessionnelles ont le droit de donner la priorité à une religion pour l'admission des élèves. En revanche, elle ne peuvent pas refuser un élève de la mauvaise religion s'il reste de la place (et qu'il n'y a plus d'autre candidat). C'est une piètre consolation, car ce principe généreux s'appliquera pour les écoles qui ont peu de demande, c'est-à-dire celles qui n'ont pas une bonne réputation.
Les écoles religieuses font l'objet d'une autre critique: que la discrimination religieuse se traduise également par une discrimination sociale (les élèves admis dans les écoles religieuses sont plus aisés), cf. cet article du Guardian.
L'argument le plus souvent cité par des Français expatriés en Angleterre pour justifier cette discrimination est "il n'y a pas de séparation entre l'Église et l'État en Angleterre". Pour moi, cet argument n'est pas sérieux. Il n'exempte pas le pays de se conformer aux règles de non-discrimination qui prévalent en Europe.
Ceux-ci ont un problème concret à résoudre: mettre leur progéniture dans la meilleure école, et ils le résolvent de manière pragmatique. Si celle-ci est confessionnelle, ils planifient. Ils se mettent au plus tard à pointer régulièrement à la messe quand ils envisagent d'avoir des enfants, participent aux kermesses, et font baptiser leur enfant sans retard si c'est nécessaire.